Je discutais hier soir, 13 avril 2010, avec un ami, travaillant dans la finance, lequel me confiait son absence complète de confiance en le fait que la politique puisse désormais apporter quoique ce soit à notre pays, à notre peuple. Il m'indiquait ne voter que pour les présidentielles, par devoir républicain minimal, point final. Non point qu'il ne fasse pas seulement confiance aux hommes politiques eux-mêmes mais pire, qu'il ne croit pas réellement une seconde, à la capacité du monde politique à produire quelque chose de nouveau et créatif pour faire avancer un tant soit peu, le monde qui nous entoure.
L'homo politicus synicus
J'en restai coi quelques instants puis nous tombâmes d'accord sur le fait que le cynisme généralisé en vigueur dans cet univers politique, la propension majoritaire de l'homo politicus, qu'il soit homme ou femme, à renier ses engagements en une seconde, à ne tenir aucun compte de la parole donnée et à oublier ses « amis », camarades, soutiens, le lendemain de son élection, (sauf hélas, notre actuel président Nicolas Sarkozy et ses « chers » amis) à quelque niveau que ce soit, puis à adopter très rapidement cette langue hélas quasi universelle dénommée « Lange de bois » dans ses rapports avec autrui, principalement avec la presse, mais également, à ne pas avoir d'idées, de convictions, sauf celles induites par les sondages ou dictées par le chef ou plutôt les conseillers professionnels du chef..., tout ceci ne plaidait pas forcément pour un engouement total et exacerbé du citoyen en faveur de la politique...
Le syndrome de l'arapède politique
Si l'on rajoute à cela le fait qu'un politique élu s'accroche à son ou ses mandats comme l'arapède à son rocher, oubliant qu'en toute chose, c'est de la diversité que naît la richesse et le progrès et que le principe d'alternance ou du moins de limitation des mandats, en politique, en sont la meilleur traduction. Si l'on rajoute aussi que l'homme politique peut parfois aller jusqu'à se servir de ses responsabilités ou amitiés politiques pour favoriser ses propres affaires, confondant alors service de la collectivité et pur gagne-pain... on aurait bien mauvaise grâce à condamner cette armée silencieuse d'abstentionnistes affirmés, démontrant simplement le fait qu'il puissent ne pas être complètement dupes de leurs « élites » politiques.
Ceci posé et amèrement reconnu, il n'en demeure pas moins, opposai-je à mon ami, que ce n'est pas en abandonnant le terrain politique et en le laissant à ceux que l'on était si prompt à vilipender, que les choses s'amélioreront, bien au contraire. En poussant le raisonnement jusqu'à l'absurde et je pense qu'on pourrait assez vite y arriver dans le réel si l'on y prend pas garde, on finirait par avoir d'un côté, une classe politique dégénérée à souhait et ne se préoccupant que de ses propres intérêts et de l'autre côté, un peuple entier d'abstentionnistes frustrés en complète déshérence. Le tout, sous la surveillance bonhomme d'un complexe média-presse à la botte du pouvoir.
De l'abstention au militantisme ? Un rêve ?
Plutôt que de se lamenter sur l'innocuité de la politique et de la médiocrité de ses acteurs, il conviendrait plutôt de prendre quelques taureaux par leurs cornes et de plonger sois-même dans la bataille. C'est-à-dire, de cesser de faire la fine bouche et s'engager, adhérer à un parti, un vrai, ce formidable outil démocratique, au service de la démocratie, quelqu'il soit, disons, le plus proche de ses convictions, afin d'y réfléchir, d'y travailler, d'y proposer, de s'y battre, pour faire avancer ses idées, (ses idéaux, pourquoi pas !), écouter les autres, progresser ensemble, aller au devant de ces concitoyens, bouger et faire bouger, brusquer, réveiller, etc.
Imaginez que tous ces abstentionnistes se réveillent d'un seul coup et se mettent à adopter ce raisonnement, qu'ils adhèrent en masse, avec leurs visions, leurs problèmes, leur désir de mieux, leur petit projet personnel de société humaine, leur soif de débat, leurs idées neuves, leur absence de langue de bois, cela donnerait un sacré coup de fraîcheur à tout cela et les professionnels rentiers et creux de la politique politicienne, n'auraient alors qu'à plier bagage au prochain scrutin venu et à abandonner un combat devenu plus compliqué et moins intéressant, comme les rats quittent le navire.
Cher ami je m'adresse à toi et à tous ceux qui ont perdu quelque peu la foi en l'homme, la politique est un art noble au service d'une collectivité humaine, elle mérite que des hommes et des femmes de grande qualité humaine s'en emparent pour lui rendre sa dignité, sa légitimité, sa vigueur, son efficacité.
Non, ni la politique, ni le PS ne sont morts.
Et puis parce que je suis socialiste, je finirai ce propos en me réjouissant que tous les fossoyeurs de mon parti, qui le disaient mort à l'issue des européennes il y a un an, qui, tel notre Bernard Henri Lévy national, que je ne comprends plus très bien depuis
quelques années, appelaient à son auto-dissolution, aient eu tort, comme je leur prédisais l'été dernier sur ces même colonnes. Ils ont eu tort, ce parti est toujours et bien vivant, il a pu clairement le démontrer pour les régionales 2010, il reste maintenant, tout comme les autres, à le vivifier par un apport de sang nouveau et frais, j'ai bien dit nouveau et frais, pas nécessairement jeune, on peut entrer en politique à tout age ! !
Il nous faut à tous de nouveaux militants, à la tête pleine de rêves, et dotés d'un enthousiasme propre à faire bouger les montagnes, à passer par dessus tous les petits intérêts personnels, pour offrir à nos collectivités, à notre pays, un projet politique qui aille dans le sens d'un progrès mesurable et appréciable pour tous, en deçà et au delà de nos diverses frontières.
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