La liberté d'expression, droit fondamental de toute démocratie bien dans sa peau, est cependant bien trop souvent muselée, réprimée, dès lors que la démocratie devient locale.
En effet, prendre la parole pour critiquer la gestion de la ville par l'équipe au pouvoir peut très facilement se retourner contre vous : appartement en HLM, place en crèche, accès aux cantines, droit d'ouvrir une terrasse pour son bar ou son restaurant, emplacement sur les marchés, subvention pour son association ou, attribution d'une plage horaire d'accès à la piscine municipale pour les cours de natation dont son association a été créée, etc. etc., tout ceci, qui devrait être accordé sur des critères purement objectifs, devient parfois une arme boomerang pour celle ou celui qui ose critiquer le maire ou son équipe.
A Drancy, ville où j'effectue tant bien que mal mon travail d'élu d'opposition, le maire a de réelles difficultés avec la démocratie locale et malheur à celui qui n'est pas content du travail « exemplaire » de l'équipe en place... il sera très mal vu.
Il était donc, pour moi, fervent défenseur de la démocratie et particulièrement celle qui est locale, et farouchement attaché à la liberté d'expression, de faire quelque chose pour elle dans ma ville.
J'ai quelques compétences en matière d'Internet et notamment, en matière d'ouverture et de gestion de blog, (du reste, il n'y a rien de vraiment compliqué là-dedans..) et me suis lancé dans l'aventure :
J'ai donc décidé, au début de mon mandat, d'offrir un espace d'expression libre à Drancy, sur Drancy. Un espace libre, à savoir :
- Un espace où je n'interviendrais pas, sauf sous ma propre signature,
- Un espace où la parole serait donnée à toutes les drancéens et tous les drancéens rédacteurs en herbe, du moment qu'ils me communiqueraient leur identité, que je les connaitrais, et qu'ils s'engageraient à respecter les lois en matière d'expression et un respect minimum des personnes.
- En contrepartie, je leur assurerais l'anonymat, afin qu'ils ne puissent être victimes de leur liberté d'expression.
- Un espace où les commentaires seraient modérés, c'est-à-dire, contrôlés avant publication, en effet, un commentaire est bien souvent réellement anonyme cette fois et un très grand nombre de ceux-ci, insultes contre les rédacteurs ou contre le maire, propos diffamatoires, dénonciations gratuites, etc., n'ont pas été publiés et ont été supprimés.
- Un espace enfin où les personnes souhaitant réagir, voire faire supprimer un article, une photo ou un commentaire, pourraient le demander aisément.
Pour que cet espace de liberté de parole soit réellement libre, à savoir, qu'il ne soit pas immédiatement connoté politiquement, malgré mon engagement clair et formel de ne pas diriger les débats, j'ai souhaité l'ouvrir de façon anonyme, y-compris pour moi.
L'aventure a commencé modestement, puis, au fil du temps, ce vecteur de communication s'est élargi, a acquis une audience et le maire lui-même y a pris la parole, une fois.
Ce site, les drancéens qui lisent cet article l'auront compris, c'est mondrancy.net .
J'ai décidé de sortir de mon relatif anonymat en juin 2013, lors du dernier conseil municipal, ayant été une fois de plus attaqué par le maire sur un prétendu écrit de moi sur la toile. Il me prête en effet de nombreux écrits, qui ne sont en général pas de moi, ni même de l'un de mes supports de communication.
J'ai souhaité expliquer au conseil municipal les raisons pour lesquelles j'avais créé ce site et pourquoi la règle y était la protection de l'anonymat pour les rédacteurs. Raisons que je viens de détailler ci-dessus.
Passée la première surprise de cette déclaration, M. Lagarde m'a alors reproché d'user de méthodes pétainistes et de donner la parole aux « corbeaux », l'un des plus grand fléaux de nos démocraties, selon ses termes. Ayant pris la parole pour ne plus la laisser, comme à son habitude, je n'ai pu lui ré-expliquer que pour être un « corbeau », il ne faut être connu de personne... Les habitants de Saint Corbin en savent quelque chose, dans le film « Le corbeau » de Clouseau. Or, je connais mes rédacteurs et ils savent qu'ils peuvent d'ailleurs avoir à répondre de leurs écrits, en cas d'abus, mais, devant la justice, non point devant M. Lagarde.
Vous savez désormais qui a créé mondrancy.net , vous pouvez continuer à le lire ou même, y écrire, ce n'est pas un site socialiste, ce n'est pas un site « là la gloire » de Gilles Saulière, c'est juste un espace de liberté d'expression garanti sans édulcorants, une bouffée d'oxygène sur Drancy, si je peux dire.
Gilles Saulière
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