Nous sommes les reflets de notre époque multi-tourbillonnante.
30 ans. Le monde avait fait semblant de se calmer un peu sur le théâtre de la violence, moins de guerres, moins de tensions à notre périphérie immédiate, moins d’inégalités dans nos pays occidentaux. Après avoir gravé dans la constitution puis la Loi, dans à peu près toutes se composantes, notre devise « Liberté, Égalité, Fraternité », nous nous sommes assoupis. Libération de la femme, laquelle en avait bien besoin, droit à l’avortement, planning familial, etc. puis le dernier combat avec l’abolition de la peine de mort, ensuite, nous nous sommes endormis, repus de victoires et de nos libertés conquises. Endormissement criminel.
C’est en même temps que l’Homme a choisi d’accélérer brutalement sa mutation par la science et la technologie, enflant alors peu à peu ses champs de perception et d’action, jouant à la grenouille qui voulait ressembler à un bœuf, à la limité de l’implosion
Accélération du temps, amplification de l'homme, l’humanité a accru ses sens, ses moyens d'action. L'homme a ainsi quasiment stoppé son processus d'évolution naturelle par la mutation au profit d'une mutation technologique fulgurante et continue. Où cela le conduit-il ? Doit-il finir comme la grenouille ? Est-il suffisamment mis en garde par ses prédécesseurs, tels Prométhée, ou encore Icare, qui ont voulu eux aussi approcher de près les Dieux ?
Quels dangers les guettent les Hommes ?
Une kaléidoscopisation extrême des perceptions, menant à une dispersion totale de l'attention. Dès lors, la voie est libre pour la futilité de la vie. De la multiplication et de la permanence des sollicitations, pulsions, à l’encouragement à la satisfaction immédiate et primaire des désirs factices, la faculté de penser se perd, l’aliénation, l’aveuglement gagne du terrain, la liberté se meurt.
C’est le temps du zapping permanent, de la dilution de l'action, dans le même temps, un sentiment d'impuissance face à un monde perçu de plus en plus vaste et de plus en plus complexe progresse. La vie s’accélère, s’emballe, l’homme est bougé dans tous les sens, il ne doit plus s’arrêter, hyperactif, son esprit se renferme, se sépare, c’est l’étirement, la fragmentation, la rupture des liens de chair et de sang, avec sa famille, ses voisins, ses semblables.
Alors, la tentation guette, du repli. Repli sur soi, sur sa famille, réduite de plus en plus fréquemment à ses enfants, repli sur un groupe, tribalisation des rapports, protection contre l'extérieur, une tendance à la méfiance, à la diabolisation de l'étranger sous toutes ses formes se construit peu à peu.
A côté de ce danger, de cette tentation du repli sur soi, existe l’espoir.
pourtant, l’Homme debout, peut élever son regard, au-dessus de la cohue, et percevoir malgré l’agitation brownienne qui l’entoure, que tout n’est pas négatif.
Au fil du temps, l’Homme a également gagné en puissance positive. Le monde se structure.
- Peut-on oser le dire ? la Paix progresse : dans le temps, dans la géographie. Si, si !
- L’évolution scientifique et technologique, sociale, est également génératrice de vrai progrès pour l’Homme.
- Le sort de l’Homme s’améliore : sa connaissance progresse, la psychanalyse, la recherche scientifique et médicale, les sciences sociales ouvrent des routes. Sa santé peut s’améliorer, la médecine, les assistance psychologiques, les nouveaux médicaments, prothèses, participent à adoucir les souffrances, des débats profonds se font jour, sur la fin de la vie, cette période particulière qui précède la mort, sujet de toutes les angoisses primaires.
- L’adaptation, la connaissance de l'autre avance : l’éducation, l'accès au savoir et à la connaissance se sont démocratisés.
Entre danger, tentation et espoir, peut naître une attente, une recherche, une Volonté.
Cette attente peut être multiforme. Faire profiter le plus grand nombre du progrès, participer à répandre la paix, construire un meilleur avenir pour ses propres enfants, mais aussi, apprendre à se connaître soi-même, dans l’espoir de s’améliorer, chercher au-delà de soi-même ce qui réunit les Hommes, où va l’Humanité ?
Au-delà des dogmes, qu’ils soient religieux, philosophiques, scientifiques, y-a-t-il un quelconque « Architecte » de tout cela ? Vouloir agir, mais en ayant conscience que l’action isolée d’un seul ou d’un petit groupe, n’est que vanité. Que faire ?
La communautarisation du monde.
Quel est ce monde qui se replie peu à peu et dans lequel nous nous réveillons chaque matin ? Qu’est-ce que cette communautarisation, dont il semble souffrir de plus en plus ?
Dans nos états occidentaux, la communautarisation se forge lorsque les états, que ce soit par conséquence directe et souhaitée de leurs principes constructeurs comme dans certains pays du monde anglo-saxon, l'Angleterre par exemple, ou par abandon progressive de l'idée républicaine, comme c'est le cas en France depuis quelques années, ignorent ou rejettent la différence de chacun. Ils ne font pas ou plus l'effort d'en apprécier, d'en intégrer ce qui en fait la richesse, ni d'en nettoyer, par l'information, l'éducation, le respect de la loi, ce qui le nécessite. Dès lors, les états ne maîtrisent plus les différences, les différents chacun peuvent alors se regrouper selon qu'ils seront forts ou nombreux, ils construisent ou reconstruisent leur mode de vie, leur culture, leurs us et coutumes, leurs propres règles, à côté de la république, en dehors de la république.
Ils en respectent peut-être les lois, les codes, et les coutumes les plus visibles, mais sans adhésion, sans envie, jusqu’à être niés comme ils l'ont été eux-mêmes par le pays qui les accueille. Forte est alors la tentation de nier aussi l'Etat qui les a niés. Alors parfois, et de plus en plus souvent, ils rejetteront, combattront, nieront, conspueront les lois, les règles, les valeurs, les fondements de la république, lorsque ces derniers entreront en contradiction avec leur propre vision du monde, tentant d'imposer les leurs, au nom de leur différence.
Les conséquences, sont à mon sens, doubles et graves. Je les illustrerai par deux citations :
- Pour l'Homme, tout d’abord, le repli, l’enfermement communautaire provoque l'étouffement de l'individualité, la disparition de sa liberté, réduit alors à l'état simplifié de membre de sa communauté : Georges Devereux ethnopsychiatre, s’est penché sur les dangers de ce phénomène et l’exprime de la façon suivante : « Il est dysfonctionnel, et même catastrophique, de réduire quelqu'un à une unidimensionnalité [...]. La tendance courante à clamer son identité ethnique ou de classe est une indication irrécusable de l'effondrement imminent du seul sens valable de l'identité : du fait que l'on est différent, et que l'on remplace par la plus archaïque pseudo identité qu'on puisse imaginer. »
- Pour la République, ensuite, la conséquence de ce repli communautariste en est la disparition même de son fondement : l’un de mes amis écrivait en septembre 2004 : « Incapable d’intégrer les populations immigrées et impuissant à transformer les différences individuelles en forces collectives, le politique en est réduit à constater (quand il ne reconnaît pas) la scission de la Nation en communautés. Ce faisant, il renonce aux fondements même de la République que sont l’universalisme et le contrat social, identique pour tous, que chaque citoyen passe avec l’Etat. »
Lutter pour nos valeurs occidentales, les préserver, les répandre sur la surface du monde.
Au sein de notre monde occidental, les valeurs particulières de notre République de France imposent l'idée de l'Homme, l'individu comme entité unique de base à la construction républicaine, la liberté de l'Homme, comme nécessité pour cette construction, l'égalité de tous, entre tous et devant la république, l'état. Cette liberté, cette égalité, l'Homme comme pierre de base à la construction induit directement la négation absolue et définitive de toute forme de séparation, ségrégation, différenciation négative ou positive de quelque groupe que ce soit, qui aurait la tentation ou la volonté de s'interposer entre les Hommes, entre les Hommes et leur République, de séparer un quelconque faux bon grain d'une ivraie subjective et tendancieuse devant la république, l'état.
De ces deux fondements de notre monde que sont la Liberté et l’Égalité, peut alors naître, la Fraternité, la devise ternaire, qui recrée l'Unité, l'Universalité de l'être, de la Vie, de l'Univers.
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