UMP en décrépitude par la double action d’une trop forte droitisation puis du jeu mortifère des égos, PS tiraillé entre sa droite libérale-socialiste encore trop timorée et sa gauche qui rêve toujours à un état centralisateur providence, extrêmes qui volent les mots de la république pour mieux capter les souffrances et attiser les rancœurs, le paysage politique français est bien mal en point en 2014.
En dehors de l’extrême droite, (je ne parlerai pas de l’extrême gauche, qui finit par rejoindre peu à peu la première et se confondre avec), seul, le centre droit réussit par ces temps qui courent à tirer son épingle du jeu, mais c'est en grande partie, hélas pour lui, en profitant seulement de l’abandon par l’UMP de son aile gauche et du message brouillé envoyé par le PS.
Mais que se passe-t-il donc en territoire politique ?
Le peuple ne supporte plus ses politiques, les militants encartés « de terrain » se retrouvent de moins en moins dans leurs appareils, la mode est à l’indignation permanente, lancée par feu Stéphane Hessel qui crut un peu trop vite avoir trouvé là la recette miracle pour faire renaître (mais a-t-il jamais disparu ?) l’esprit de résistance qui honora les combattants de la liberté lors de la dernière guerre.
L’indignation permanente et désordonnée, débouche sur la « trépignation » permanente, à coup sûr 100% stérile.
Or, la solution est ailleurs, là, devant nous, à nos pieds. La France, pays démocratique et pour ne parler que d’elle, a organisé le débat et l’action politiques au travers de partis politiques, lesquels devraient rassembler tout ce qui compte de citoyens engagés sur des idéaux et à même de vouloir les faire progresser. Cela a fonctionné pendant des décennies, cela ne marche plus. Pourquoi ? Pourquoi les citoyens engagés ne se retrouvent plus dans ce type d’organisation et préfèrent à l’action réfléchie, de profondeur et continue, les mouvements spontanés, éphémères et râleurs ?
Peut-être bien est-ce la faute des partis eux-mêmes, non ? C'est donc là que doit se porter l'action de ceux qui veulent redonner à la politique sa véritable, indispensable et honorable fonction.
Les partis ont été pris en main, année après année, congrès après congrès, élection après élection, par une « élite » de militants intronisés comme tels par leurs ainés aux manettes de leur organisation, se répartissant dès lors les fonctions de direction des partis à tous les niveaux, se partageant les têtes de liste aux municipales, les candidatures aux législatives et autres élections territoriales, à l’occasion des différents scrutins qui rythment la vie démocratique et républicaine.
Le reste de la plèbe militante ne sert plus, dès lors, qu’à :
- offrir la cotisation, véritable offrande annuelle aux Seigneurs des partis,
- écouter béatement les discours formatés et autres « éléments de langage »,
- élire en interne ceux qui ont été désignés par le haut comme étant leurs candidat(e)s,
Et en période de campagne électorale, grand moment de la vie militante, à :
- tracter sur les marchés,
- boîter (tractage en boîtes aux lettres),
- coller des affiches la nuit avant que ceux d’en face ne les recouvrent,
- faire du porte-à-porte, cet exercice de style terriblement sexy consistant à se transformer en témoin de Jéhovah pour aller écouter (hum) et répandre la bonne parole, à savoir : « votez pour nous, le ciel vous offrira tout ce dont vous avez toujours rêvé et d’ailleurs, les autres sont de gros méchants ».
Le militant d'aujourd'hui est un serf, exploité par ses Seigneurs politiques.
Moi je le dis, tout ceci n’est pas terriblement sexy et je comprends que la citoyenne engagée, le citoyen engagé (oui en politique, il faut toujours citer les 2 sexes, pour ne pas vexer ces pauvres humains fragiles qui votent) ne se battent plus pour prendre une carte dans un parti quelconque et se tournent vers d’autres formes d’action… Un peu comme tous ces gens qui montent une petite ONG dans leur coin pour faire mieux que l’ONU, l’UNESCO et autres organisations rodées qui font du bien à la planète…
Moi je le dis, (je répète les « Moi je le dis… » parce que cela n’a pas mal marché avec François Hollande lorsqu’il en a asséné 15 d’un coup au pauvre Nicolas Sarkozy qui en est resté KO lors du débat du 2 mai 2012). On appelle cela une anaphore, (de la contraction de analphabète et amphore, non ?). Bref, Moi je le dis, c’est à nous, citoyens engagés et chaque citoyen est engagé, au fond de lui, militants de nos partis ou pas, de remettre la politique sur un terrain propre, nettoyé de ces dérives fatales que sont, par exemple : (je n’ambitionne pas d’être exhaustif, ce me serait bien impossible)
Les dérives des partis les plus dangereuses pour la démocratie :
- L’ambition purement égotique dont la devise pourrait se résumer en : « Tous les coups sont permis, seul le résultat (mon élection) compte », « On s’en fout des idéaux et des convictions, seul le résultat compte » (mon élection), « Les électeurs sont des veaux, il ne faut surtout pas leur dire la vérité sur ce que l’on recherche (mon élection), ils ne comprendraient pas, les pauvres et seraient capables d’aller voter ailleurs » etc. etc. L’exemple type : Jean-François Copé. Mais il y en a des tonnes d’autres, dans tous les partis (même si l’UMP semble être un attracteur puissant pour ce type de profil). ⇒ Personnages à éliminer d’urgence de l’arène politique.
- Un dérivé de cette dérive est l’ambition égotique illuminée où le sbire pense être le sauveur de l’humanité, envers et contre tous : il finira seul dans son parti, entouré de ses fidèles grognards, sans se rendre compte que ses idées étaient peut-être bonnes et qu’à vouloir trop ne compter que sur son propre cerveau ou cœur, on fonce dans le mur de l’aveuglement et on entraine avec soi des tas de gens qui lui avaient confié leur espérance. Exemple type : François Bayrou. ⇒ Espérons pour lui qu’il change, ce qui semble peut-être le cas en ce moment, car cet homme est intéressant, avouons le.
- La démarche purement « gagne pain » : je rentre en politique dès le plus jeune âge pour en faire ma profession et donc, en vivre. J’entre dans un parti, si possible, riche, je me lie le plus tôt possible avec quelques protecteurs bien placés, seigneurs ou proches des seigneurs, et hop, j’essaie d’être intronisé pour m’extraire de la plèbe militante au plus vite. Je suis embauché au cabinet d’un élu quelconque et reste au garde à vous pour grimper en grade et décrocher le Graal, une candidature lors d’une élection. Je signale tout déviationniste (exemples : un militant qui semble mettre un idéal et des idées avant le reste, un militant doté de charisme qui pourrait faire de l’ombre aux troupes du Seigneur, etc.). Ce type de profil court les rues au Parti socialiste et le tue.
⇒ Attention, j’ai mis « purement » dans ma phrase de départ. En effet, tous ceux qui veulent faire de la politique de façon quasi professionnelle ne sont pas forcément à éliminer, hein, il peut y en avoir de très bien, animés par de nobles raisons et pour qui, la politique peut être une raison de vivre et du coup, par incidence, devenir un gagne-pain. Notion à manipuler avec précautions donc. - L’esprit de vengeance : ce type m’a pris cette ville, ce siège si confortable au Sénat, ce strapontin au Conseil général de mon département chéri, mon siège au conseil municipal… je dois reprendre ma place, elle est à moi ! Ce syndrome fonctionne aussi en famille, on en a eu un double exemple assez mignon à Drancy lors des dernières municipales avec un énervé n’ayant pas supporté d’une part de voir sa mère virée de l’équipe du maire en place quelques années auparavant, puis de s’être fait lui-même « voler » la tête de liste socialiste aux précédentes municipales… J’étais le méchant voleur et dès lors, j’étais l’ennemi à abattre dans mon propre parti à Drancy pendant 6 années, au grand amusement du maire en place, qui voyait assurée sa prochaine réélection sans trop de mal : plus de 75% de voix dès le premier tour. Vous en connaissez certainement, de ceux-là, il y en a un peu partout.
Le commun dénominateur de ces dérives : « Tout pour moi, moi et moi ».
Voilà exposées les quelques dérives dangereuses que je perçois comme ayant pu être une bonne source de désaffection, comme les médias disent, du peuple pour son sous-ensemble politique, dont il ressort globalement que s’occuper de soi et de ses proches en priorité semble être la principale caractéristique visible, alors que cette dernière n’est que l’apanage de quelques leaders largement auto-proclamés.
Ce n’est, selon moi, qu’en luttant avec force contre ces phénomènes et en les supprimant, qu’il sera possible de redonner un sens à l’action politique pour chacune et chacun.
Levons-nous et reprenons les rênes de nos organisations politiques, ... où cassons-les et reconstruisons. Il y a urgence.
En dehors des extrêmes bien sûr dont je ne souhaite qu’une seule chose à leur sujet, c’est de les voir s’étioler jusqu’à devenir insignifiants, hors de toute dangerosité pour la démocratie, au sein de chaque parti et en dehors des partis, dans la sphère citoyenne, nous devons agir pour remodeler nos organisations et les rendre à la fois le plus imperméables possibles à ces dérives précédemment décrites et le plus perméables possible aux bonnes volontés désintéressées, seules à même de proposer un projet de société qui aille de l’avant et fasse progresser l’humanité, que ce soit au niveau de la ville, du département, de la région, du pays, du continent, de la planète.
- Nous pouvons, nous devons nous opposer sur nos idées, nos projets, au sein des valeurs qui ornent, en devise, les façades de nos mairies,
- mais nous devons accepter que l’adversaire politique, le camp adverse, soit lui-même digne de respect et à même de mettre en œuvre ses propres idées, lorsqu’il a remporté une élection.
- Nous devons nous rassembler, dans et en dehors des partis, quelques soient nos partis et nos idées, en une force large, riche, diverse et unie pour mettre en œuvre ce travail de rafraîchissement partout où nous sommes et partout où nous le pouvons.
- Et si cela s’avère impossible, nous devrons alors casser nos partis et reconstruire du neuf.
Yep, pas facile d'être militant aujourd'hui, y'a du boulot le dit mon collègue plus haut.
Rédigé par : Fred Camino | 31/07/2014 à 10:15
Chouette billet que je partage ! Au boulot !
Rédigé par : David Burlot | 30/07/2014 à 21:00
reTest ...
Rédigé par : David Burlot | 30/07/2014 à 20:57
Test
Rédigé par : Nicolas | 30/07/2014 à 18:39